Les cours des miracles étaient tels des lieux de refuge pour les reclus de la société. On y rencontrait des prostituées, des voleurs, des mendiants, et même des meurtriers. Aujourd’hui encore, l’expression une cour des miracles est utilisée pour parler d’un endroit où il vaut mieux ne pas s’aventurer. Il existe une douzaine de cours réparties dans tout Paris. Témoins du côté sombre de l’ancienne ville, elles gardent leur mystère et éveillent la curiosité de ceux qui les visitent. 

L’histoire des cours des miracles

L’histoire se souvient des cours des miracles de la ville de Paris comme des repaires de vagabonds, de bandits et d’escrocs du moyen-âge, sous l’ancien régime. Parmi eux se trouvaient des malades simulés prétendant des crises d’épilepsie, de faux estropiés, des faux pèlerins, des faux soldats et des faux marchands. Une collectivité de personne qui est réunie, dont le but, était de leurrer les passants des beaux quartiers et d’obtenir l’aumône. En rentrant chez eux à la nuit tombée, ils se retrouvaient dans les cours des miracles. Ils troquaient leurs déguisements par leurs habits habituels. Ils laissaient tomber leurs bandages, leurs béquilles, récupéraient leur bras en moins, retrouvaient la santé, les vieillards rajeunissaient comme par miracle. Une cour des Miracles était à l’image d’un grand théâtre. Elle possédait ses propres lois. La population avait son propre langage qui était l’argot. Les traces officielles de ces lieux sont peu nombreuses, mais ils ont bel et bien existé. Les romans de Victor Hugo et les écritures de l’écrivain Henri Sauval font partie des références sur le sujet.

La société dans les cours des miracles 

Les cours de miracles formaient un réseau et représentaient toute une organisation. Elles possédaient leur propre hiérarchie. À leur tête se tenait le chef suprême qui a su porter le titre de grand Coësre ou de roi des Thunes. Viennent ensuite les cagous ou les archisuppôts qui étaient des sous-gouverneurs dans les provinces. Ils étaient responsables de l’instruction des petits nouveaux. Ils étaient par exemple chargés de l’enseignement de la langue argot, de l’art du vol et de l’arnaque, mais aussi de la fabrication des onguents et autres médecines. Chaque handicap contrefait donnait un statut précis. Les orphelins étaient une troupe de jeunes garçons à moitié nus qui devaient paraître gelés pour attirer la compassion. Les mendiants quant à eux étaient les plus actifs et les plus nombreux. Des professionnels de l’escroquerie. Ils usaient de la ruse et mentaient sur leur situation en prétendant entre autres une fausse morsure de chien ou l’incendie de leur maison. Certains comme les capons n’aillaient que dans les cabarets, d’autres comme les courtauds ne mendiaient que l’hiver.

La grande Cour des Miracles 

Une des plus populaires des cours du vieux paris se trouve dans l’actuel deuxième arrondissement. Entre la rue du Caire et la rue Réaumur. La partie la plus dangereuse se trouvant à la rue des Forges. Cela était décrit en ces temps comme un quartier particulièrement mal famé grouillant de saletés et de rues obscures. En effet, contrairement à ce que suggère leur appellation, les cours de miracles n’étaient pas des cours dans le sens traditionnel du terme, mais plutôt un réseau de petites ruelles. Des multitudes de familles s'y seraient terrées. Leur nombre approximatif est estimé aux environs de cinq cents. Des familles nombreuses avec une infinité d’enfants. Des habitants qui avaient des mœurs douteuses qui vivaient au jour le jour. Leur credo était de ne rien laisser pour le lendemain. Des hors-la-loi qui n'ont montré aucun respect aux figures de l’autorité, policiers, huissiers ou autres. Cette société avait un chef, un dénommé Ragot. Un homme doté d’éloquence qui a su se faire une place dans les hautes sphères en mariant ses enfants à des personnages influents.      

La disparition des cours des miracles

Commençant à poser problème du fait de leur propagation, les cours des miracles devinrent la cible du gouvernement. Les mendiants étaient désormais les ennemis des Parisiens. Aucun bourgeois n’osait s’aventurer dans leur territoire. Une politique d’enfermement a été mise en place. L’Hôpital Général fut construit en 1656 pour emprisonner les délinquants. Les voleurs et les filous désertèrent Paris, mais nombreux qui ont pris leur place. Les moyens de répression étant insuffisants, les vols et les assassinats reprirent rapidement. En mars 1667, Louis XIV crée le poste de lieutenant-général de la police de Paris et il fut confié à Sieur La Reynie. En guise de contre-attaque, les grandes opérations urbaines se multiplièrent, les tracées dispersèrent les rangs des gueux. Mais ce qui vint à bout réellement des cours des miracles fut le changement d’architecture, de morphologie des lieux. Le roi procéda à une démolition et de nouvelles structures furent construites. Les ruelles ont laissé leur place à des marchés et de grands boulevards ont été construits. De quoi faire fuir les mendiants qui perdirent leur terrain de jeu. Les cours parisiens succombèrent par la perte de leurs habitants qui étaient leurs composants majeurs.